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Traitement des troubles narcissiques

Une pathologie difficile à traiter

Comme nous l’avons déjà mentionné, les possibilités de traitement des troubles narcissiques sont limitées et de nombreux thérapeutes refusent même de prendre en charge les narcissiques. Les raisons en sont non seulement le manque de compréhension de la maladie dans la plupart des cas, mais aussi le fait que les narcissiques sont souvent des personnes désagréables qui, de plus, ne se laissent pas dire quoi que ce soit. Ils attendent du thérapeute qu’il résolve le problème et ne sont pas prêts à faire leur part. Une autre raison est qu’ils sont presque toujours des menteurs notoires et qu’il est incroyablement difficile de définir leurs problèmes dans le cadre d’entretiens, et encore moins de les traiter.

Des formes à faible toxicité

Une thérapie n’est cependant pas toujours impossible par principe, en particulier pour les formes les plus légères qui acceptent le fait qu’elles ont un problème.

Il existe également des statistiques de traitement provenant de cliniques qui montrent une rémission de la maladie après deux ans de traitement. Il ne s’agit toutefois pas d’une guérison et cela s’explique par la définition purement quantitative de la maladie, qui exige la présence d’un nombre prédéfini de critères pour justifier le diagnostic. Si l’un de ces critères disparaît au cours du traitement, cette attribution du diagnostic n’est plus formellement justifiée et le patient n’est par conséquent plus considéré comme « malade », même si l’image générale de son état n’a pas dû changer de manière significative.

L’approche de la psychiatrie dynamique

Alors que la psychiatrie classique aborde les tableaux cliniques de manière classifiante et descriptive, c’est-à-dire de manière statique et immuable, la psychiatrie dynamique voit surtout le jeu des forces et la répartition des énergies qui peuvent provoquer des changements.

Témoignage d'un psychiatre souffrant d'un trouble narcissique : Permettez-moi de vous dire que je suis un connard (littéralement traduit “un trou du cul”).

Détail de la couverture d’un livre de Pablo Hagemeyer avec sa photo : Permettez-moi de vous dire que je suis un connard (littéralement traduit “un trou du cul”)

Nous pouvons considérer Pablo Hagemeyer, qui a publié en 2020 un livre au titre évocateur « Gestatten, ich bin ein Arschloch » (Permettez-moi de vous dire que je suis un connard), comme un représentant récent de cette tendance.

Il avoue d’emblée souffrir lui-même d’un trouble de la personnalité narcissique et l’illustre clairement sur la première page de couverture de son livre, où l’on peut voir une grande photo portrait de lui.

Le livre n’est pas destiné aux spécialistes, mais à ceux qui sont touchés par ce trouble et à leurs proches.

Une forme « gentille » de trouble narcissique

Avec humour, il se décrit comme une variante « gentille » et donc susceptible d’être traitée du tableau clinique, au début de l’échelle de gravité, qui a pu trouver la capacité nécessaire à l’autocritique et reconnaître que sa maladie peut être traitée, même s’il admet qu’une guérison n’est pas possible. Cela lui a permis de se faire moins de mal et de faire moins de mal à son entourage et de devenir un mari acceptable malgré son égoïsme.
Bien qu’il continue d’être exigeant, prétentieux, égoïste et qu’il dépasse souvent les limites, il parvient à avoir une relation épanouissante avec sa femme.

Il a pu apprendre à laisser ses sentiments s’exprimer et à gérer les siens de manière raisonnable. Au lieu de bloquer et de refouler des sentiments difficiles et douloureux tels que la peur, l’insécurité et la vulnérabilité, il a accepté que ces émotions fassent partie de sa vie. Or, tous les patients atteints de ce trouble de la personnalité qu’il traite à plein temps n’y parviennent pas, loin s’en faut. Nombre d’entre eux abandonnent la thérapie prématurément, emportés par la colère. Or, un traitement réussi nécessite plusieurs années et un travail acharné. Les narcissiques fonctionnent selon des principes relativement simples, dont les personnes concernées n’ont toutefois pas conscience.

Conseils pratiques pour faire face à un narcissique

Il donne également à ses lecteurs des conseils pratiques éprouvés qui rendent possible la gestion de ce trouble.

Le premier et le plus important de ces conseils est de féliciter les narcissiques. Cela permet de désamorcer des situations délicates. Dès qu’un narcissique s’emporte, il faut le féliciter, car les narcissiques ont besoin d’être félicités comme d’autres ont besoin d’air pour respirer. Des félicitations sincères et amicales – quelle que soit la raison – coupent l’herbe sous le pied du narcissique et donnent aux autres un peu de temps pour refroidir la situation et l’aborder de manière plus rationnelle.

Ensuite, la manière dont nous formulons nos critiques est également importante. Une déclaration globale telle que « Tu me rabaisses toujours ! » ne fonctionne pas avec les narcissiques. Au contraire, ils y voient une invitation à l’escalade. Il est donc préférable d’envoyer plutôt des messages calmes à la première personne, comme par exemple : « Cela me rend triste quand tu fais ceci ou cela ».

Par ailleurs, il est important de toujours rechercher une communication directe et de veiller à ce que le narcissique vous écoute. Les messages en ligne ne servent à rien. Si tu vis une relation avec un ou une narcissique sympa, tu es certainement habitué(e) à ce qu’il ou elle ne t’écoute pas. Il faut donc convenir d’un signe de contact à utiliser lorsque l’on veut lui communiquer quelque chose. Il est ensuite important de l’appeler par son nom, de le regarder dans les yeux et de lui toucher la main ou l’épaule, par exemple. Une telle combinaison peut souvent permettre aux narcissiques de sortir du tunnel de leur ego et d’écouter.

Éloignez-vous si possible

Lorsque l’on rencontre des narcissiques dans la vie de tous les jours, il est préférable de s’en éloigner résolument dès les premières tentatives de manipulation, mais pas sans un préambule ou un postambule élogieux, afin de pouvoir atteindre le narcissique avec sa déclaration. Une telle réponse pourrait par exemple être formulée de la manière suivante : « En tant que personne, je te trouve tout à fait correct et gentil, mais je rejette catégoriquement cette idée ! » Ici aussi, un simple regard de reconnaissance peut généralement faire des merveilles. Il suffit souvent à un narcissique pour retrouver l’estime de soi à laquelle il aspire tant.

Si vous avez affaire à un chef narcissique, au lieu d’aborder directement le problème, vous devriez plutôt expliquer que le chef fait partie du problème de l’équipe et que les effets négatifs se répercutent sur tout le monde et donc sur lui, tout en le félicitant d’avoir un goût si exquis pour les cravates élégantes ou de porter toujours des chaussures d’une élégance fantastique. Si l’on parvient à lui faire comprendre cela avec amour et authenticité, l’intervention est réussie et il peut profiter de la critique et prendre des contre-mesures.

Dans son livre de 2020, « Raus aus der Narzissmus-Falle : Glücklich und frei werden nach narzisstischer Missbrauch » (Sortir du piège du narcissisme : être heureux et libre après un abus narcissique), Stefanie Paolucci a parlé de sa propre expérience de partenariat avec un narcissique et s’est également penchée sur ce qui permet généralement aux victimes de ne pas entendre leur système d’alerte précoce interne.

Un trouble psychique grave

Pablo Hagemeyer met également en garde contre le fait que les chaînes de télévision et les médias sociaux rendent les traits de caractère narcissiques de plus en plus socialement acceptables. La présentation et l’exaltation constantes de soi ont pour conséquence que les personnes ayant une personnalité narcissique sont admirées et non pas prises en pitié comme elles le mériteraient. L’un des aspects perfides du narcissisme est qu’il se camoufle souvent. Si quelqu’un a du succès et de l’assurance, il n’y a rien à redire. Mais nous ne pouvons lutter contre une telle banalisation qu’avec des connaissances et une prise de conscience devrait s’imposer partout : Le narcissisme n’est pas cool, c’est un trouble psychique grave.

Un manque d’estime de soi

Le narcissique passe souvent par un cycle répétitif au cours duquel, sous la pression d’un manque d’estime de soi, il dévalorise d’abord les autres et provoque, par des performances ou des effets spectaculaires, une élévation de soi qui conduit ensuite aussi à la reconnaissance. Il se sent alors « super » et agit dans une hybris amorale de surestimation de soi et d’orgueil, jusqu’à ce qu’une chute survienne à un moment donné et que, s’il survit à cette chute, il recommence à dévaloriser les autres en partant du bas.

L’expérience montre que tous les narcissiques ne peuvent pas, loin s’en faut, être classés dans ce que Pablo Hagemeyer appelle le « gentil narcissique ».

La « triade sombre »

Le trouble de la personnalité narcissique fait partie de la « triade sombre » (Dark Trias), décrite en 2002 par les psychologues canadiens Delroy L. Paulhus et Kevin M. Williams. Celle-ci comprend, outre le narcissisme, le machiavélisme et la psychopathie (subclinique).

– Le narcissique (« Les autres sont là pour m’admirer ») se considère comme meilleur que les autres et estime que la gloire lui revient de droit.

– Le machiavélique (« La fin justifie les moyens ») fait preuve d’un style de comportement manipulateur et ne connaît aucune limite pour atteindre son objectif. Il est souvent hypocrite, malhonnête, opportuniste, promiscuité et extraversion. Il poursuit ses objectifs de manière calculée et rationnelle, sans se soucier des autres.

– Le psychopathe (« l’autre comme objet ») est impitoyable, impulsif et n’a pas peur des conséquences, ce qui le rend froid. C’est chez lui que la probabilité de commettre des délits criminels est la plus élevée.

Un diagnostic tabou

Pablo Hagemeyer a également souligné, non sans raison, que le diagnostic de narcissisme est souvent tabou et qu’il n’est pas suffisamment abordé dans notre société, comme dans le cas de l’ancien président américain Donald Trump, que Pablo Hagemeyer a un jour qualifié de « connard psychopathe avec un schéma de répétition ».

Il suppose que cela est peut-être dû au fait que les journalistes et les spécialistes qui reconnaissent un tel trouble narcissique hésitent souvent à l’aborder ouvertement pour ne pas révéler leurs propres dispositions narcissiques.

 

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  • Sébastien dit :

    Merci pour cet article, j’ai appris beaucoup de choses sur le narcissisme. J’ai maintenant toutes les clés pour éviter la prochaine personne narcissique que je croise 🙂

  • Anne dit :

    J’ai une manipulatrice narcissique dans mon entourage et au fond, j’ai bien conscience que cela reflète un manque de confiance en elle. J’ai essayé de me montrer compréhensive et de tenir des propos valorisants pour la mettre plus en confiance mais ça a été plus destructeur pour moi, au final. Quand j’ai compris que je ne lui apportais rien et ne l’aidais nullement, j’ai mis de la distance entre nous.
    Merci pour ton article qui m’aide à mieux comprendre le problème.

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