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Muriel ou la codépendance

 

Des personnes de bonne volonté

Je vais te raconter l’histoire de Muriel.

Elle ne serait jamais venue me voir elle-même, car le problème ne venait pas d’elle, mais de son mari. Il continuait à boire et elle ne pouvait plus le supporter.

Elle a arrêté de travailler pour ne pas le laisser seul à la maison jusqu’à ce qu’il lui explique qu’il buvait parce qu’il ne voyait pas comment se sortir de leur dette. 

Après cela, elle a commencé à travailler comme infirmière dans un hôpital, et tout se passait bien jusqu’à ce qu’elle se rende compte qu’il avait recommencé à boire. 

Elle a quitté son emploi pour rester à nouveau à la maison avec lui. Il lui a promis d’arrêter de boire, mais peu importe ce qu’elle faisait pour le surveiller, il trouvait toujours un moyen de boire, et maintenant elle ne pouvait plus le supporter.

Elle m’a expliqué que son mari est prêt à arrêter, mais il craque toujours au bout de trois ou quatre jours et elle ne sait pas comment l’en empêcher.

Ce sont eux qui en souffrent

Il est vrai que c’est son mari qui avait un problème de dépendance à une substance, que j’appelle habituellement « maladie de l’alcool » et qui nécessite des soins à long terme pour être stabilisé. Cependant, la personne qui en souffrait actuellement sur le plan psychologique n’était pas lui, mais elle.

Elle en a souffert parce qu’elle essayait constamment de contrôler sa consommation d’alcool, sans jamais y parvenir.

Il a fallu attendre leur lune de miel pour qu’elle se rende compte qu’il buvait sans cesse. Au début, elle a essayé de nier le problème, mais lorsqu’elle a réalisé qu’il ne s’arrêterait pas de lui-même, la colère a monté en elle. Elle a commencé à contrôler de plus en plus son mari pour l’empêcher de boire.

Il y avait de bons jours où les choses semblaient se remettre sur les rails, mais la prochaine rechute était inévitable. Et chaque fois que son mari rechutait, cela lui causait encore plus de stress. Et à chaque fois, elle s’obligeait encore plus à faire mieux la fois suivante pour éviter une nouvelle rechute.

Mais elle ne s’est pas rendu compte qu’elle prenait de plus en plus la responsabilité de ce que son mari faisait ou ne faisait pas. Par ailleurs, elle était complètement inconsciente de ses propres préoccupations et besoins psychologiques.

Elle est ainsi devenue ce que l’on appelle une « coalcoolique » depuis les années 1970.

C’est également une forme de dépendance qui se met en place

Elle a développé une codépendance qui, comme l’alcoolisme de son mari, est devenue une habitude qui n’a fait qu’empirer avec le temps.

De plus, tous les efforts qu’elle aurait pu faire pour éviter les rechutes de son mari n’ont fait que renforcer sa dépendance à l’alcool. Ils l’ont déresponsabilisé de ses rechutes en reportant la responsabilité de ce qui se passait sur sa femme, qui a repris la fonction de contrôle.

Au début, Muriel a refusé le traitement parce que le problème n’était pas de sa faute. Après plusieurs séances, elle a pu se rendre compte qu’elle ne pouvait pas résoudre les problèmes des autres, et elle a commencé à se sentir mieux et a retrouvé son sommeil et son équilibre intérieur.

Elle avait apparemment oublié qu’elle était la première responsable de sa propre santé mentale.

Une thérapie s’avère bénéfique pour tout le monde

Au cours de la thérapie, elle a abandonné sa conviction initiale selon laquelle ses propres besoins n’étaient pas importants, et son estime de soi s’est finalement améliorée.

Elle a continué à aimer son mari, mais a su trouver une distance saine vis-à-vis des problèmes de l’autre.

En conséquence, son mari a eu l’impression que la responsabilité de sa vie lui incombait et a fini par se rendre à un groupe des AA, ce qu’il avait auparavant systématiquement refusé de faire.

L’acceptation par Muriel d’un traitement de codépendance a donc permis à son mari d’assumer la responsabilité de sa dépendance à l’alcool et d’envisager des mesures de rétablissement.

Penses-y. Connais-tu aussi des cas de codépendance dans ton entourage ou parmi tes amis ?

N’hésitez pas à laisser un commentaire. 

 

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  • muriel dit :

    Merci pour ce partage! Votre analyse est passionnante, je découvre cette dénomination de « co-dépendance alcoolique » et ça m’éveille sur le sujet. Merci pour le partage de vos cas cliniques, cela va beaucoup m’éclairer pour mes soins (je suis kiné/ ostéopathe) et je suis souvent confrontée à ce type de situations cliniques sans avoir l’expertise pour les gérer. Votre « Muriel » aurait en effet très probablement pu souffrir du dos et se confier à son kiné sur l’alcoolisme de son mari….

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